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mardi 7 février 2012

La leçon de Djembé

Je reviens sur le post que j'ai écris hier.

Ce soir je ne vais pas parler de ma vie de maman. Je sais d'avance, et c'est dommage, ce post n'attirera pas beaucoup de monde parce que justement je ne parle pas de ma vie de maman, de femme, mais de ma vie de travailleuse sociale.

Mais aujourd'hui, il m'est arrivé quelque chose qui image merveilleusement ces valeurs dont je parlais hier.

On ne devient pas travailleur social par hasard. C'est un travail de conviction, de valeur, de doute saussi. C'est un travail où tous les jours on se demande si on est à la hauteur de nos attentes, de nos devoirs. C'est un travail à la fois compliqué et merveilleux.

Aujourd'hui, il y avait cours de djembé.  Mes vieilles années de cours de danse et de piano me donnent un bon sens du rythme mais ma lenteur de compréhension n'est pas toujours adéquat avec l'avancé du cours.


Aujourd'hui devant mon djembé, je répète les gestes que le prof enseigne à Aurélien. Me voyant patauger, le prof me montre mais je patauge toujours autant dans la semoule, les légumes et je crois même que tu peux rajouter les merguez autour. Le prof se moque gentiment, je vanne vaguement. Y a du boulot.

Le prof se tourne vers Murielle pour l'aider à trouver les claques et les tons. J'attends sagement. Aurélien reprend son rythme.

"Tu me montres?" je lui lance.

Et là avec toute la patience du monde Aurélien me montre, la différence entre les tons et les claques. Il me montre comment on fait les basses. Et au bout d'un moment je me surprend à comprendre.

Quand Le prof revient et lui demande de me montrer, Aurélien refuse et fait comme si de rien n'était, mais dès que le prof retourne voir Mireille, revoilà mon Aurélien qui me regarde consciencieusement faire mes "ton, ton bass" et me de dire: "c'est bien, c'est ça".

Le voilà mon bonheur, la voilà ma richesse. Aurélien, est atteint d'une déficience intellectuelle importante mais on lui a donné assez de confiance en lui pour qu'il m'apprenne quelque chose. Je brule de bonheur de voir Mireille reconnaitre le N de Nadine, je bouillonne de plaisirs de voir Léon écrire son N à l'endroit, et surtout, surtout, j'explose de joie de les voir tous les mois sortir trois pages de journal, qui parle de leur vie dans le foyer, de ce qui leur plait, des fêtes et de leur travail.

Je suis payer 1460 euros par mois. Je pourrais passer le diplôme pour être directrice, pour faire des formations, pour gagner beaucoup plus. Mais perdre ce bonheur là de les voir gagner jour après jour un peu de liberté que leur offre la connaissance, non. 

Je gagne du bonheur à chaque pas fait par l'un d'eux. Ce sont là mes valeurs, ce sont là mes richesses.





13 commentaires:

  1. c'est superbe !!!!
    Ton coeur aide beaucoup de personnes, tu es riches vraiment. je suis épatée !

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  2. C'est mon boulot! Mais c'est vrai qu'il y a des jours où j'éprouve une certaine fierté d'être dans une équipe qui aide, pousse, amène les même valeurs que moi. ça me redonne foie en l'humanité ;)

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    1. Oui c'est ton boulot, mais j'en connais qui n'ont pas ce coeur, et pourtant qui travaille dans le social. Ca doit te permettre de te raccrocher à quelques choses quand tu va moins bien. C'est aussi important.

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    2. C'est vrai. Mais c'est comme dans tous les boulots tu as des gens qui font leurs métiers avec coeur et d'autres uniquement pour manger à la fin du mois. Et puis dans nos boulots, il faut être honnête, on est maltraité: rien ne nous ai passé, on est mal payé, on nous félicite peu. Alors des fois, il y a des gens qui déversent cette maltraitance sur les usagers. Nous on est une équipe très soudé qui travaillons ensemble. Ce qui nous fait tenir mais des fois il y a des craquage face au lecture du règlement intérieur, au sanction, même à l'état des toilettes des employés! Donc j'ai surtout de la chance d'avoir des collègues très soutenants et qui ne me laisse pas seule.

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  3. c'est un joli article, bien émouvant... gros bisous

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  4. Merci Thalie... Pas trop le temps d'aller te lire en ce moment, beaucoup de remise en cause et de temps pris... Mais promis je me rattrape très vit!

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    1. Il est beau ce billet, il est beau ton métier... Tu m'as émue. Beaucoup.

      Madame Frimousse

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  5. Voilà comment chacun_chacune devraient être lorsque tu travailles soit dans le social, soit à l'hôpital. J'ai travaillé avec des schizophrènes. Mon entourage était affolé. Mes patients étaient "stabilisés". J'ai partagé énormément de choses avec eux et leurs familles. Je suis partie parce que je ne pouvais faire partie de l'équipe n'étant "qu'une secrétaire" aux dires du médecin (le chef). Depuis 1 semaine, je suis assistante dans la médiathèque d'un hôpital. J'apprends des tas de choses, j'offre au patient ma voix qui lit, mes jambes qui vont chercher le livres ou le dvd, je participe aux animations, aux évènements bref, il y a un échange qui fait que j'aime ce que je fais, que le matin je me lève et je vais au travail en chantant, impatiente de composer ma journée pour apporter du plaisir et en recevoir en retour. Tu as raison, l'équipe est hyper importante et j'ai la chance d'être moi aussi "tombé" sur une bonne !

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  6. J'aime quand tu parles de ton travail. Et quand je te sens regonflée à bloc comme hier soir, j'adore tout simplement !

    Tu as un beau métier qui doit être par moments très dur mais, des jours comme hier, tellement enrichissant ...

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  7. c'est magnifique ce que tu as écris!!on voit que tu aimes ton aimes et que tu es faites pour aider les autres!!tu as de bonnes valeurs, ne les perds pas...ne te perds pas!!

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  8. C'est très émouvant, merci d'avoir partagé cela.

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  9. J'avais envie de montrer qu'educ c'est pas non plus que de la difficulté, et qu'on sert aussi un peu à quelque chose...

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  10. C'est ce qui fait que tu exerces ce métier. Tu es passionnée et ces gens là ont besoin de gens passionnés. Un grand bravo, tu fais un très beau et très dur métier ! :)

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Pleins de petit mots Jito!