J'ai envie de revenir

J'ai besoin d'écrire. 

Je ne sais pas pourquoi, j'ai besoin de revenir là. 

J 'ai arrété d'écrire sur ce blog il y a 5 ans. Je venais de me marier. Ma fille avait 8 ans. J'avais ouvert ce blog à sa naissance, pour parler du tsunami qu'avait été pour moi la maternité. J'avais envie aussi de parler du poids qui reposait sur les épaules des mères, des femmes... 

Il y a 13 ans, les filles comme moi s'éveillaient, revendiquaient leurs libertés, leur droit à dire que c'était dur, que parfois on avait envie de tout larguer... 

Je crois sincérement que nos blogs ont ouvert des voies, des voix... Que les filles d'aujourd'hui osent dire que c'est dur parce que nous, on a osé à un moment donner dire aux autres qu'être mère, même quand on l'avait décidé, c'était pas toujours ce qu'on en avait attendu, que parfois on se sentait seule, nulle et pas à sa place. Je crois que ce fut là la génèse de mon désir d'accompagner les jeunes parents dans l'acquisition de leur parentalité. Je suis contente de voir apparaitre aujourd'hui des podcasts tel que la matrescence, qui sont dirigé de main de maitre par des parents, qui continuent de rassurer des parents, sans juger, en continuant de dire "vous faites du mieux que vous pouvez, c'est parfait".

 Je vais faire vielle conne mais on a aussi ouvert des voies plus sombres. Des excès, des donneuses de lecons, des exagérations. Maintenant si tu n'as pas eu ta dépression du post-partum, ton enfant qui ne fait pas ses nuits à 6 mois, qui a un RGO, si tu n'es pas victime d'un pervers narcissique... Alors tu ne brilleras pas sur la toile... Il y a aussi des parentalites heureuses, des couples qui s'en sortent, des enfants qui dorment, qui sont en bonne santé... Et des parents qui sont quand même dépassés par leur parentalités parce que même quand tout va bien, une parentalité ça chamboule plus qu'un boule... Et ceux-là, à force de montrer des parents qui traversent le pire, et bien c'est eux qu'on entend pas... Alors que tout parent a le droit de dire "c'est dur". 

Alors depuis le premier article de ce blog, j'ai pris 13 ans. J'aime à dire que je suis une maman de 13 ANS. Chéri n'a jamais changé d'avis, et Eloise est restée une fille unique, et elle en est heureuse. J'ai une enfant tellement parfaite que je me dis parfois que j'aurais forcément moins aimé ce deuxième... que c'est pas plus mal... J'ai pu faire d'autres choses, me guerir, grandir, muer et devenir adulte. Et y avait un bon décrassage à faire (et ce n'est pas fini...). Pendant ces 13 années, on est passé par pas mal de tourments. Je ne sais pas comment mon couple a survécu à tout ça. On est à la fois plus proche que jamais et plus indépendant de jour en jour. J'ai sans cesse peur qu'un matin il se lève en se disant qu'il ne m'aime plus. Ben, au bout de 16 ans me regarde peu, parfois j'ai l'impression de faire partie des meubles... Et puis... Il fait les courses et me trouve des chips aux crevettes, me propose soudainement de m'accompagner au cinéma alors qu'il deteste ça, me dit que je suis belle dans cette robe... On est devenu un vieux couple avant de s'en apercevoir... J'ai compris que l'amour ce n'était pas la passion qu'on m'avait vendu. Parfois c'est se supporter tous les jours, parfois c'est avoir envie de le tuer parce qu'il vous réveille toute les nuits par ses ronflements, puis c'est se dire que le jour où on ne les entendra plus, on en pleurera toutes les larmes de son corps. Je crois sincèrement que notre amour est magnifique parce qu’il est banal, quotidien, parce qu’on s’est apprivoisé, qu’on a dépassé les difficultés ensemble, parce qu’on se désire encore et parce qu’on a sans cesse peur de se perdre.

On nous vend une telle image du couple... On grandit avec des images de princesses disney... Ton choix? Cendrillon la soumise, Blanche-Neige qui n'a qu'une idée se marier, Rebelle et Elsa qui renonce aux hommes, ou Raiponce qui accepte de quitter sa tour uniquement avec un homme (bete, pas courageux, et prétentieux. Super.) J'ai moi-même dû apprendre à construire ma propre image du bonheur. J'avais le droit de rêver de mariage et d'enfant, de choisir un boulot qui me convenait même si il ne correspondait pas à l'idéal de la société, j'avais le droit d'être militante et de ne pas militer tous les jours. J'ai dû souvent remettre les gens à leurs places en leur explqiant que "non il n'y aura pas de deuxième", "oui assmat, c'est un vrai choix", "non, ce qui m'inquiète, ce ne sont pas les résultats de ma fille, mais le fait que l'école la rendait malade." 

 Ce dernier point, a été 10 ans de souffrance. Pour elle bien sûr, mais tout ce qui la touche me touche. L'arrivée au collège a progressivement appris à ma fille à apprivoiser l'école. Cette année ce fut l'appothéose: elle a enfin rencontré ce genre de prof dont tu te souviens toute ta vie. Coup de bol c'était son prof de français et sa prof de maths. Je l'ai vu retrouver le sourire, bosser, aimer sa classe, faire confiance, se mettre à lire des livres, se cultiver sans guidance, ... J'ai vu ma fille devenir une personne indépendante, libre. Elle n'a plus besoin de moi pour témoigner de sa gratitude et son admiration à ses profs. C'est à la fois frustrant ce ne pas pouvoir leur dire ce qu'ils ont apporté à la famille entière, , et merveilleux d'être témoin de cette admiration qu'elle a envers d'autres adultes, comme moi j'ai pu l'avoir envers mes profs à son âge. 

 13 ans où ce blog a été une béquille, un lieu où créer, crier mes colères, mes doutes... Au début on était là avec quelques unes... La mère Canne bien sure qui est devenue une de mes meilleures amies, Sparkling Mummy, Virginie Grimaldi, la très décevante Marlène Schiappa, flying mama, Maman Floutch, ... On était quoi? 20? 30? ... On se connaissait à peu près toutes... On ne saimait pas toute mais je crois sincérement qu'on a ouvert un vrai chemin de liberté. Est-ce que j'aurais encore des choses à dire sur ce blog?? Au vu de mes inquiétudes, quant à l'avenir, de ma gravité, je ne sais pas si je serai aussi drôle et légère que j'ai pu l'etre sur des articles tel que "Estelle Lefébure est une connasse". 

Evidemment la mode étant au podcast, je sais que si j'attire 50 personnes sur un articles alors je serai heureuse... Mais je crois que ce n'est plus ma préoccupation... Je vous remercie d'être revenue avec moi. Vous raconter ce que c'est d'être la mère d'une ado, d'aborder la deuxième partie de sa vie, de voir le poid, les rides et la sagesse s'installer alors qu'on a l'impression d'avoir encore 30ans. Bref s'engager sur d'autre terrain quoi...