Elle et l’ecole

L’année scolaire est terminée… ce fut une année de changements, de mues, d’évolution…

D’abord j’ai dû appendre à passer le relais à ses profs, ne plus m’inquiéter, ne plus surveiller et faire confiance. Ce fut long et je ne suis même pas sure d’avoir totalement réussi. J’ai passé dix ans a tenter d’expliquer aux profs, aux parents d’élèves qu’il y avait une souffrance par rapport à l’école. Deux professeurs qui l’ont maltraité, des élèves qui l’ont harcelé… et je n’ai rien vu. J’ai cru que son mal-être venait d’elle, d’un trouble. Elle était juste malheureuse. Comment lâcher prise quand ta fille est différente, mise à mal… Comment lâcher prise quand ta fille ne dort pas, vomi avant d’aller à l’école, pleure, que tous les quinze jours tu dois aller chez le psy… si tu ne l’as pas vécu tu es forcément dans le jugements « lâche là », elle va se débrouiller, « le mien non plus n’a pas dormi cette nuit ».

Et puis cette année ça a roulé. Cette année elle a grandi. Cette année elle est tombé sur une bonne équipe de profs et une classe sympa. Et j’ai dû apprendre à faire confiance à des profs. Ce qui n’était pas simple.

J’ai énormément parlé d’eux à mon entourage tellement j’étais soulagé de ces rencontres. Certains ont même cru que j’avais un « crush » pour son prof principal (pas de bol c’était un homme, on me l’a bizarrement beaucoup moins proposé pour la prof de maths…). Mais il est compliqué d’expliquer le soulagement de voir ma fille heureuse d’aller à ses cours, capable de faire confiance, apprendre à régler ses problèmes toute seule. 

Oui. Ça peut paraître bizarre. Mais ils ont enlevé chez nous une grosse part d’inquiétude. En tout cas pour cette année. 

J’ai les larmes au yeux en écrivant ça. Je sais que c’est incompréhensible pour la plupart d’entre vous. Il faudrait voir ça comme un trouble cardiaque diagnostiqué à votre enfant. Ce trouble pourrait soit se guérir avec le temps soit le tuer d’un coup, vous ne savez pas encore. Alors que plusieurs médecins ont réussi à calmer le mal, a retarder l’échéance, et grâce à ces soins au préalable, vous allez trouver l’équipe de médecin qui va l’opérer et lui enlever ce trouble. 

Voilà ce que j’éprouve aujourd’hui. Bien sûr je ne sais pas comment se passera l’année prochaine. Bien sûr j’ai peur et j’y pense tous les jours. Elle a des rêves et j’aimerai qu’elle s’y accroche. J’aimerais qu’elle trouve d’autres profs qui la pousseront et lui redonneront confiance en elle tel que ceux de cette année. Ils ont réparé tant de choses entre elle et l’école cette année. J’espère que ça continuera l’année prochaine.  

Parfois je vois passer des publications sur la santé mentale et le harcèlement. Mais je vois peu d’éducation à la différence, même simple, dans les familles. Et le harcèlement vient de là. Car celui qui harcèle a rarement conscience de la méchanceté de son acte. Il attaque ce qu’il ne comprend pas. Alors juste si on pouvait aussi éduquer à l’école cette tolérance, cette compréhension de l’autre. Rajouter deux heures dans la semaine, former des profs de « relations humaines » qui expliqueraient la tolérance, le respect, l’écoute, l’attention, comment supporter? On avancerait plus vite. Puis le rôle de l’école c’est aussi de former à une éducation citoyenne… ça me paraîtrait tellement logique!!! 

En attendant il va falloir que nous en tant que parents on se remonte les manches et qu’on apprenne à gérer ça… et y a du boulot les gens.