Être la mère d’une adolescente

 Depuis que je suis mère, j’ai toujours envisagé cette période de l’adolescence, comme un désert aride, faite de grandes difficultés est incompréhension totale.

Je sais que elle n’a que 13 ans, que les beaux jours de l’adolescence sont devant moi. Toujours est-il, que pour l’instant c’est plutôt calme. J’arrive encore, à lui, laisser sa part d’intimité, à sentir qu’elle découvre toutes ces choses de l’adolescence, et dans le même temps à maintenir le dialogue, à l’écouter quand ça va pas, même si les « ça va pas » sont souvent relatifs, et me semble parfois un peu superficiel.

 Pour autant, les questions se bousculent. Est-ce que je fais assez ? Est-ce que je fais trop ? Est-ce que je suis au bon endroit? est-ce que je m’inquiète trop ?

Je voudrais lui donner les armes suffisantes, pour se protéger dans la vie. Si je ne peux pas être là tout le temps derrière elle, je voudrais que les armes que je lui fournis puissent lui permettre de se défendre, de défendre ses valeurs (et pas forcément les miennes)e ce qu’elle est. 

Un soir, nous étions devant un documentaire, qui l’a concernait  de prêt. Je ne vais pas ici développer ses tourments intérieurs. Cette page me concerne moi et pas elle. Donc nous discutions du sujet, et je lui témoignait de mon impuissance face à ce fait, et que ma plus grande crainte était de ne pas pouvoir l’accompagner sur ce sujet là. Très intelligemment, elle m’a rassurée par une phrase : « mais tu sais, tu ne pourras pas m’accompagner, tout le temps sur tous les sujets. Il y a déjà plein de sujets, tu ne m’accompagnes plus, où je trouve mes propres ressources, et des adultes qui peuvent m’aider. »

Alors, c’est dont ça adolescence ! C’est de se construire aussi loin de ses parents, avec des références qui ne sont pas les nôtres,… Est-ce que je deviens le phare auquel on revient, quand on a besoin d’être rassuré ? Et plus elle grandira plus elle s’en éloignera de plus en plus, pour rejoindre d’autres côtes, d’autres phares et se construire seule…

Un sentiment ambivalent m’envahit à cette évocation. Évidemment, la voir s’éloigner , et ne plus être son seul Repère, sentiments profondément, égoïste, est plus douloureux que je ne le voudrais, mais le sentiment encore plus fort qui se présente, c’est celui d’une certaine fierté, de la voir prudemment, s’éloigner du phare,  se construire, une personnalité est une adulte en devenir, qui va au-delà de l’enfant, idéal que j’ai pu imaginer il y a 14 ans. Je vois l’adulte se dessiner, derrière cette ado, intelligente, généreuse, franchement, Sage, engagée … et je dois avouer que des fois, cette idée me traverse de me dire « est-ce que je suis à la hauteur de cette enfant exceptionnelle? »

Quand j’étais ado est en conflit avec ma mère en particulier, je me disais qu’elle ne laissait pas partir l’enfant en moi et qu’elle n’acceptait pas de me voir grandir et d’aller voir d’autres ports. Je ne pense d’autant plus fort aujourd’hui, je suis à sa place: je suis parent d’une ado,  et c’est savoir la difficile, expérience d’accepter de voir partir son enfant et accueillir un adolescent avec un autre caractères, une autre personnalité, parfois quelqu’un qu’on connaît pas et j’ai apprendre elle découvrir et à l’aimer. Je crois que ma mère n’a jamais voulu laisser partir ce petit bout d’enfants qu’elle aimait tant et découvrir l’adulte que je suis. Alors aujourd’hui j’essaye, et je me fais violence, pour accueillir l’adulte en construction qui existe chez ma fille, et je l’accompagnerais au mieux dans l’humain qu’elle va apprendre à être dans ce monde que je ne connais pas. Mais je sais que j’ai de la chance d’être tombé sur elle, parce qu’elle elle a l’intelligence, de m’accompagner aussi dans ce rôle de parent, d’ado que je ne connais pas.