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Merci à Nans et Mouts de m’avoir permis de dire ces mots à mes grands-mères.
Chaque lundi soir, avec Éloïse, l’été, nous sommes assez fans de « Nus et Culottés ». Cette émission raconte les aventures de Nans et Mouts, deux mecs gentiment barrés comme je les aime, qui partent tout nus d’un point A en France pour rejoindre un point B, afin de réaliser un rêve aussi fou qu’eux.
La semaine dernière, leur but était d’organiser une grande fête des grands-mères. Au fil de leurs rencontres, ils ont demandé à chacun d’écrire une lettre à leurs mamies, mémés, mamous et autres… pour leur dire ce qu’elles leur avaient légué.
— Et toi, maman ? Tu écrirais quoi dans ta lettre ?
J’avoue que j’ai dû un peu réfléchir avant de répondre à cette question. D’abord parce que je n’ai pas eu la même relation avec l’une et l’autre.
Ma grand-mère paternelle est morte lorsque j’avais deux ans. J’ai grandi avec un fantôme, l’impression d’aimer quelqu’un que je ne connaissais pas… et pourtant, elle avait laissé une empreinte en moi. Je crois qu’elle m’aimait, et c’est la seule chose qui me restait.
Quand je suis devenue jeune adulte, j’ai cherché à la connaître. On me la présentait comme quelqu’un de têtue, de mauvaise foi, un peu dépressive. Mais c’était aussi une femme engagée, une résistante, qui exigeait l’égalité entre les hommes et les femmes chez elle. Avec mon grand-père, elle formait un couple moderne, partageant les tâches domestiques. Elle travaillait, elle était épicière et, pendant la guerre, faisait passer des armes dans son chariot de légumes pour les livrer au maquis.
C’était une femme de tête, sans doute très intelligente, avec des opinions politiques et des valeurs auxquelles elle s’efforçait de rester fidèle. Des valeurs chrétiennes, mais dans ce qu’elles ont de plus originel : l’amour, la tolérance, l’égalité, la justice. Je crois qu’elle m’a transmis cette idée d’engagement et de droiture, cette fidélité à ses convictions.
Ma seconde grand-mère était très différente… Nous avons tissé une relation très forte jusqu’à sa mort, il y a bientôt 12 ans. Elle a connu Éloïse, et je crois qu’elle doit ses deux dernières années de vie à son désir de la voir grandir. C’était une femme très croyante, dont le centre de gravité était la famille. Mon grand-père, d’origine italienne, lui avait interdit de travailler, alors elle a élevé ses trois filles. Petite, je la voyais suivre ses rituels immuables : ménage le matin, cuisine à midi, courses l’après-midi, goûter, puis re-repas. Et pourtant, je ne me suis que rarement ennuyée chez eux.
Ma grand-mère avait une qualité au-dessus de tout : elle se relevait de tout. Si la première a sans doute sombré dans une dépression mal diagnostiquée, la seconde pleurait deux jours puis remontait à cheval pour cueillir les petits bonheurs de la vie. J’ai énormément ri avec elle. Elle était drôle et d’une générosité immense avec ses petits-enfants. Je crois qu’elle m’a légué cela : cette force de me relever de tout, cette résistance aussi, mais différente… une résistance aux coups durs de la vie.
Alors, à mon tour, je veux remercier ma mamie et ma mémé de m’avoir appris la fidélité, la résistance, le courage de se battre pour ses idées et pour les siens. Merci d’avoir été des exemples de femmes fortes, qui n’ont pas eu peur d’affronter l’adversité et qui ont montré qu’on pouvait être une femme dans un monde d’hommes… et y avoir un rôle essentiel à jouer.
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