Merci à Nans et Moûts de m’avoir permis de dire ces mots à mes grands mères |
La semaine dernière, leur but était d’organiser une grande fête des grands-mères. Au fur et à mesure de leurs rencontres, ils ont demandé à chacun d’écrire une lettre à leurs mamies, mémés, mamous et autres… et leur dire ce qu’elles leur ont léguées.
- Et toi maman? Tu écrirais quoi dans ta lettre?
J’avoue que j’ai due un peu réfléchir avant de répondre à cette question. D’abord parce que je n’ai pas du tout eu la même relation avec l’une et l’autre.
Ma grand-mère paternelle est morte lorsque j’avais deux ans. J’ai grandi avec un fantôme, l’impression d’aimer quelqu’un que je ne connaissais pas, et en même temps elle avait laisser une empreinte en moi. Je crois qu’elle m’aimait et que c’est la seule chose qui me restait.
L’orque j’ai été jeune adulte j’ai cherché à la connaître. Elle m’était présentée comme quelqu’un de têtue, de mauvaise foi, un peu dépressive. Mais c’était aussi quelqu’un d’engagée, une résistante, qui exigeait chez elle l’égalité entre les hommes et les femmes. Elle formait un couple moderne avec mon grand père avec un partage des tâches à la maison. Elle travaillait, elle était épicière et pendant la guerre, elle faisait passer des armes dans son chariot de légumes, sous les légumes pour les faire passer dans le maquis.
C’était une femme de tête, sans doute très intelligente, qui avait des opinions politiques, des valeurs, auxquelles elle s’appliquait à être fidèle. Des valeurs chrétiennes mais dans ce qu’il y a d’originel: l’amour, la tolérance, l’égalité, la justice. Je crois que je garde d’elle cette idée de l’engagement et de la droiture, de la fidélité à ses valeurs.
Ma seconde grand-mère était très différente… nous avons liés une relation très forte jusqu’à sa mort il y a bientôt 12 ans. Elle a connu Eloise et je crois que l’on doit ces deux dernières années de vie à son désir de la voir grandir. C’était quelqu’un de très croyante, dont le point d’accroche était la famille. Mon grand-père, d’origine italienne, lui avait interdit de travailler alors elle a élevé ses trois filles. Je l’ai connu petite avec les mêmes rituels immuables: ménage le matin, cuisine à midi, course l’après midi, puis goûter, puis re-repas. Je ne me suis que rarement ennuyé chez eux pourtant.
Ma grand-mère avait une qualité au dessus de tout: elle se relevait de tout. Si la première a sans doute plongé dans une dépression mal diagnostiquée, la seconde pleurait pendant deux jours avant de remonter à cheval et cueillir les petits bonheurs de la vie. J’ai énormément ri avec elle. Elle était drôle et d’une vraie générosité avec ses petits enfants. Je crois qu’elle m’a légué cela. Cette force de me relever de tout, cette résistance aussi, mais différente , une résistance aux coup dur de la vie…
Alors à mon tour de remercier ma mamie et ma mémé de m’avoir appris la fidélité, la résistance, se battre pour ses idées, pour les siens… merci d’avoir été des exemples de femmes fortes qui n’ont pas eu peu de combattre l’adversité, et de montrer qu’on pouvait être une femme dans un monde d’homme et d’avoir son rôle à jouer.